Billet d’humeur !

Afin de faire savoir, dans le contexte un peu troublé d’EELV actuellement, mon souhait de rester membre de cette organisation, après la sortie du Maire de Bègles, j’ai contacté le journal belge flamand Het Laatste Nieuws (Les Dernières Nouvelles) et la chaîne publique espagnole Televisiòn Española. Ce n’est pas par strict hasard que j’avais choisi ces médias. L’un en effet me ramène à l’une de mes ascendances, l’autre à un pays qui m’a toujours fasciné.
Hélas, je ne pus, malgré mon insistance et mes explications abondantes, les convaincre de m’accorder une libre expression ou un entretien.
« Votre point de vue, certes non intéressant (sic), ne séduira pas suffisamment nos lecteurs ou nos téléspectateurs. Vous manquez de notoriété », m’ont-ils répondu d’une même voix, mais dans deux langues différentes – bien qu’il y eut dans les 1500 km entre Madrid et Brussels. « God voor dom ! », « ¡ Que vergüenza ! » rétorquai-je, mais en deux fois. Malgré l’héritage historique des Pays-Bas Espagnols, je mixte très mal ces deux langues.

Il faut dire que j’étais échaudé. Une première tentative auprès de Libération et de France2 s’étant déjà soldée par un échec..
Selon que vous serez puissant ou miséreux…on vous ouvrira les portes des salles de rédaction ou des studios de télé.

J’avais déjà fait remarquer que les bons mots que certains de nos élus à l’envergure nationale se complaisaient parfois à produire pouvaient se transformer, parfois à leur corps défendant (?) , en redoutables phrases assassines, non seulement pour la personne visée mais malheureusement aussi pour le collectif auquel ils appartenaient.
Y aurait-il donc une firme Duflot ? Je n’en sais fichtre rien mais la nature humaine étant ce qu’elle est, il doit sûrement exister quelque chose d’approchant. Mais immédiatement une question me vient à l’esprit. N’y aurait-il au sein d’EELV qu’une seule « firme »? D’un côté tous les méchants et de l’autre tous les gentils ? Analyse confortable par sa simplicité mais qui s’apparente plus à la vision hollywoodienne de la société et du monde qu’à une réelle prise en compte des personnalités, des ambitions, des choix tactiques ou stratégiques. Au mieux les tendances, au pire les coteries, existent dans toutes les organisations syndicales et politiques. Ne soyons pas naïfs.
Alors, Noël ! Man-mère (1) ! Voilà que tu découvres que le parti actuel ne ressemblerait plus à celui à la construction duquel tu as participé ? Et ce changement prodigieux se serait effectué en à peu près un an, disons depuis que nous participons au gouvernement? Ah le mal-vivre de cette cohabitation….Oui, nous y sommes minoritaires. Non, nous n’y faisons malheureusement pas autant que nous le souhaiterions.
Sans doute serait-il plus satisfaisant pour notre tranquillité d’esprit et notre rigueur morale d’être assis sur le bord du chemin, à regarder le convoi socialiste avancer avec difficultés et parfois s’embourber. Avoir raison contre tous et rester purs ? Y être ou ne pas y être, pourrait questionner un autre prince d’Elseneur.
Là n’est pas ma vision de l’action politique. Et je ne pense pas que les citoyens de ce pays attendent des Ecolos qu’ils ne soient que des oiseaux de mauvais augure, inaptes à faire passer dans le concret les solutions préconisées par eux pour sortir de la crise par le haut, au bénéfice du plus grand nombre.
Alors oui, nous avons besoin d’élus, dans toutes les assemblées de ce pays, qu’elles soient locales ou nationales. Et le risque de transformer EELV en syndicat d’élus est réel (toi, Noël, qui est maire depuis 1989 et député depuis 1997, tu en sais quelque chose…?…). C’est ce que sont peu ou prou devenues toutes les autres organisations politiques.
Alors oui, faisons preuve d’imagination et d’audace pour que cela ne se produise pas. Mais d’abord, d’abord, faisons tout notre possible pour corriger entre nous, dans la franchise mais aussi le respect, les dysfonctionnements de notre parti. Les sorties coups de gueule ou les saillies vachardes intéressent beaucoup les médias.

Je doute qu’il en soit de même pour les personnes en situation précaire. Et chez nous les 250 salariés d’ex M-Real qui ont retrouvé un boulot sur le site d’Alizé ou ceux de Renault-Sandouville qui espèrent en un projet d’économie circulaire créateur d’emplois, suite à des réflexions et actions menées, partagées, soutenues par 2 élus régionaux EELV (2) ne voient sûrement pas ceux-ci comme des membres d’une firme ou d’un syndicat coupés de la réalité. 

Retroussons nos manches, activons nos neurones. Il en sortira bien quelque chose. Il en est déjà tant sorti. Et les échos que j’ai pu avoir de nos journées d’été ne signalaient pas un essoufflement mais plutôt un regain. Si Noël ! EELV continue de produire ! Une hirondelle ne fait pas le printemps. Soit. Mais n’oublions pas qu’après Noël, il y a le Nouvel…..Elan !!…

Roger Coulon

(1) Formulation chti que l’on pourrait ici traduire par « bon sang ! » (quo ch’est qui t’ a pris garchon ?)
(2) Jérôme Bourlet et Claude Taleb

P.S. Allez, Noël, reviens, on a encore besoin de toi.